L'Œuvre du mois


juin 2024 Beaux-arts

Tyrannosaurus Rex
(Study for King Kong)

Réalisée en 1963, l’œuvre Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong) marque une période cruciale dans le développement de la pratique artistique de Niki de Saint Phalle (1930-2002). Personnalité majeure et artiste des plus influentes de la seconde moitié du XXe siècle, Niki de Saint Phalle affiche, dès ses débuts, un travail plastique singulier, aussi intime que spectaculaire. L’artiste engagée, dont la vie et l’œuvre sont inextricablement liées, raconte des histoires aux messages forts, reflets de ses convictions sociales et politiques autant que de sa vie privée.

Rejoignant rapidement le mouvement des Nouveaux Réalistes, Niki de Saint Phalle se distingue en tirant publiquement sur des tableaux avec des armes à feu, performances violentes de mise à mort de la peinture réalisées dès 1961, en plein cœur de Paris. Le Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong), invite à la (re)découverte des premières années de création de l’artiste, aujourd’hui aussi bien connue pour ses œuvres monumentales, que pour ses Nanas exposées dans le monde entier.

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Niki de Saint Phalle (Neuilly-sur-Seine (FR), 1930 — San Diego (US), 2002)
Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong) (série Tirs, 1961-1963)
Printemps 1963
Assemblage d'objets, de jouets en plastique et de divers éléments en bois et en papier mâché collés, plâtrés et peints sur panneau de bois
198 x 122 x 25 cm
FGA-BA-SAINT-0002

Provenance
Atelier de l'artiste
Niki Charitable Art Foundation
Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, 2017

Niki de Saint Phalle, Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong), printemps 1963, Assemblage d'objets hétéroclites sur panneau de bois, 198 x 122 x 25 cm. © Crédit photographique : Fondation Gandur pour l'Art, Genève. Photographe : André Morin © 2024, ProLitteris, Zurich

Expositions
Niki de Saint Phalle, Los Angeles, Dwan Gallery, 05 – 31.01.1964
Niki de Saint Phalle, Arles, Salles romanes du Cloître Saint-Trophime, 09.07 – 30.09.1975
Niki de Saint Phalle. Rétrospective 1954-1980, Paris, Musée national d'Art moderne, Centre Georges Pompidou, 02.07 – 01.09.1980
Niki de Saint Phalle. Tirs... et autres révoltes 1961-1964, Paris, Galerie de France, 20.06 – 28.07.1990
Virginia Dwan et les nouveaux réalistes. Los Angeles, les années 60. Arman, Klein, Raysse, Niki de Saint-Phalle, Tinguely, Paris, Galerie Montaigne, 23.10 – 29.12.1990
Niki de Saint Phalle, Bonn, Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, 19.06 – 01.11.1992 ; Glasgow, McLellan Galleries, 22.01 – 04.04.1993 ; Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 24.06 – 12.09.1993
Niki de Saint Phalle, En joue ! Assemblages & Tirs (1958-1964), Paris, Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, 08.11 – 21.12.2013 ; Hanovre, Stiftung Ahlers Pro Arte, 01.02 – 21.04.2014
Niki de Saint Phalle, Tokyo, The National Art Center, 18.09 – 14.12.2015
Niki de Saint Phalle, Ishøj, Arken Museum of Modern Art, 13.02 – 12.06.2016
Niki de Saint Phalle, Helsinki, Kunsthalle, 20.08 – 20.11.2016
Le Retour des ténèbres, Genève, Musée Rath, 02.12.2016 – 19.03.2017
Art Basel 2017, Bâle, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 15 – 18.06.2017
Is the War Over? Art in a Divided World (1945-1968), Madrid, Museo Nacional Reina Sofía, 19.02.2015 — 04.02.2020
Niki de Saint Phalle, Høvikodden, Henie Onstad Kunstsenter, 16.09.2022 — 12.02.2023
Action, Geste, Peinture : Femmes dans l'abstraction, une histoire mondiale (1940-1970), Arles, Fondation Vincent Van Gogh, 03.06.2023 — 22.10.2023
Do it, Socle du Monde, Herning, HEART – Museum of Contemporary Art, 24.05 – 24.11.2024
Niki de Saint Phalle, Aix-en-Provence, Hôtel de Caumont, 30.04.2025 - 05.10.2025

De Niki Mathews à Niki de Saint Phalle

Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, surnommée Niki depuis toujours, naît à Neuilly-sur-Seine le 29 octobre 1930. Elle grandit dans une famille franco-américaine bourgeoise à New York et en France, où elle passe une grande partie de son enfance1. Âgée à peine de dix-huit ans, Niki se marie au futur écrivain Harry Mathews (1930-2017), avec qui elle fuit un environnement familial pesant et le conformisme social du début des années 1950, en partant pour l’Europe.

Installés à Paris en 1951, le couple et leur premier enfant se trouvent au cœur des bouleversements intellectuels, politiques et culturels qui secouent la France2. Niki Mathews écrit, étudie le théâtre et pose comme modèle pour des magazines de mode, avant d’y mettre un terme en 1953, lors de son hospitalisation pour une grave dépression3. Dessinant depuis quelques années en autodidacte, Mathews se tourne naturellement vers la peinture comme thérapie4. La création lui permettant d’extérioriser l’évènement traumatique vécu pendant son enfance, le viol incestueux de son père subi à ses onze ans, qu’elle révèle pour la première fois en 1994 lors de la publication de son livre, Mon Secret5. L’art devient alors et avant tout un outil cathartique et libérateur nourrissant sa pratique.

Investie dans la réalisation de ses premières peintures figuratives, Niki Mathews explore déjà des sujets qui lui tiennent à cœur, comme celui des femmes, des rapports amoureux et familiaux, des animaux ou du monstre, qui réapparaîtront systématiquement dans l’ensemble de son œuvre pendant cinquante ans de création (Fig. 1).

Fig. 1 Niki de Saint Phalle, Sans titre, [Ensemble de 11 maquettes : Couple enlacé, Animal aux piquants, Personnage-tournesol, Femme chef d'orchestre, Violon, Dragon, Figure féminine avec petits personnages accrochés, Fauteuil-oiseau aux amoureux, Léda et le cygne, Cheval], vers 1970, résine peinte, 82,7 x 92,5 x 10,1 cm. © Crédit photographique : Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Morin © 2024, ProLitteris, Zurich

C’est en 1960, à la suite de la séparation avec son mari, que l’artiste décide de se vouer entièrement à la pratique artistique, elle abandonne son rôle de mère et reprend son nom de jeune fille, qui devient son nom d’artiste, symbole de son émancipation et de son indépendance. Cette même année, Niki de Saint Phalle s’installe avec Jean Tinguely (1925- 1991), qui deviendra le partenaire de sa vie6. Tinguely l’encourage dans sa pratique autodidacte et la pousse à créer en toute liberté, un univers à son propre usage : « La technique n’est rien. Le rêve est tout. » 7

Niki de Saint Phalle développe une iconographie toute personnelle, invente un monde magique, fantastique et singulier dans un style naïf et coloré, caractéristique de son travail. Son œuvre est le reflet de sa propre histoire, où éléments biographiques, souvenirs et traumas du passé se mêlent aux convictions politiques qu’elle soutient.

« Dans mon travail, je suis condamnée à révéler chaque émotion, pensée, souvenir et expérience. Transformés – ils deviennent d’autres formes, couleurs, textures. Tout est utilisé – grandes joies, désirs, tragédies et douleurs. Tout y est subjectif. C’est toute ma vie. Il n’y a pas de secret. Je n’ai pas d’endroit où me cacher. Heureusement, certains ne voient pas toujours ce qu’ils regardent. Ils y voient leur propre passé, leurs rêves inconscients. Parfois, un aperçu du paradis ou de l’enfer, ou quelque vision insaisissable issue d’autres temps. »8

Fig. 2 Niki de Saint Phalle, The Lady Sings the Blues, avril-mai 1965, Tissu, laine, broderies, papier, bandes plâtrées, acrylique, animaux en caoutchouc, colle animale et résine polyester sur grillage, 234 x 160 x 66 cm. © Crédit photographique : Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Morin © 2024, ProLitteris, Zurich / Niki Charitable Art Foundation

Une artiste révoltée

Artiste militante, Niki de Saint Phalle affirme, depuis ses débuts, ses positions engagées et les combats sociaux et politiques qu’elle mène à travers l’ensemble de son œuvre, en révélant les rapports de force complexes existants. L’artiste en colère contre la condition de la femme au sein de la société patriarcale dans laquelle elle évolue, est révoltée par les violences mentales et physiques faites aux femmes, qu’elle dénonce en se réappropriant le corps féminin (Fig. 2). L’artiste revendique de nouveaux rôles pour les femmes9, elle lutte pour l’ouverture vers de nouvelles perspectives en cassant les codes établis10. Figure publique et médiatisée, Niki de Saint Phalle ignore délibérément l’image traditionnelle et les préjugés la visant en faisant fi des conventions.

Non seulement engagée pour les droits des femmes, elle fait résonner le chaos du XXe siècle dans son œuvre, tels la lutte contre le racisme aux États-Unis, les ravages du sida dans les années 1980, ou encore la guerre du Golfe11. L’artiste défend ses convictions en inventant son propre langage aux messages forts et à l’esthétique brutale en abordant des sujets sensibles, au cœur de l’actualité. Son travail, particulièrement impactant, brusque les esprits de son temps par sa radicalité et provoque le public pour engendrer une réaction, éveiller une réflexion.

« J’étais une jeune femme en colère, mais il y a beaucoup de jeunes gens et de jeunes femmes en colère qui ne deviennent pas artistes pour autant. Je le suis devenue parce que je n’avais pas le choix – c’est pourquoi je n’ai pas eu à prendre de décision. C’était mon destin. À une autre époque, j’aurais été enfermée à perpétuité dans un asile d’aliénés […]. J’ai adopté l’art pour qu’il soit mon salut et qu’il réponde à mon exigence personnelle. »12

« Faire saigner » la peinture

Si Niki de Saint Phalle initie son parcours plastique par la voie du dessin et de la peinture dans les années 1950, sa technique évolue rapidement vers des assemblages, avec l’insertion d’objets aux scènes peintes. Des objets trouvés prennent place dans la composition, une fois transformés et peints. L’accumulation d’objets dans les premières peintures figuratives devient de plus en plus présente pour évoluer vers d’imposants reliefs, de véritables tableaux-objets entre 1958 et 1959.

En 1959, de Saint Phalle découvre le travail de la nouvelle peinture américaine exposée lors de la première édition de la Biennale de Paris au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Jackson Pollock (1912-1956), Willem De Kooning (1904-1997), Robert Rauschenberg (1925-2008) et Jasper Johns (1930), fascinent l’artiste13 qui abandonne momentanément la peinture figurative pour expérimenter de nouvelles voies d’expression14.

Au début de l’année 1961, de Saint Phalle réalise les premières œuvres issues de la célèbre série des Tirs15. Pensées comme happenings spectaculaires, l’artiste organise des séances de tirs en plein cœur de Paris, à l’occasion de vernissages d’expositions ou diverses manifestations publiques. Munie d’une arme à feu, elle performe en criblant de balles les tableaux préparés en amont, en une mise à mort de la peinture.

Essentiellement constituée de poches de peintures colorées préalablement fixées à un panneau de bois, la surface des Tirs est ensuite entièrement recouverte d’une couche de plâtre16. Une fois les poches percées, la peinture jaillit de façon incontrôlée avant de dégouliner sur le plâtre immaculé. Le public, également convié à participer, collabore à son tour à l’activation des tableaux, terminés une fois touchés. 

Les premiers Tirs sont abstraits, le sujet n’est autre que la mise en scène de la création d’une peinture. La couleur, comme le sang de la victime, est révélée par ce geste violent et émancipateur à la fois destructeur et créateur. Cette exécution, orchestrée par Niki de Saint Phalle dans le rôle du bourreau, transgresse les codes. À la manière d’un exutoire rituel, l’artiste exprime sa colère17 :

« Est-ce que je tirais sur moi-même selon le rituel me permettant de mourir de ma propre main et de renaître ? Je tirais sur moi, sur la société avec ses injustices, je tirais sur ma propre violence et la violence de l’époque. En tirant sur ma violence, je n’aurais plus à la porter en moi comme un fardeau. »18

Plus d’une douzaine de Tirs sont organisés en public entre 1961 et 1962. La violence et la provocation de ces performances marquent les esprits et attirent les médias, la plupart d’entre elles sont ainsi documentées, photographiées ou filmées pour la télévision.

Une femme chez les Nouveaux Réalistes

C’est à l’occasion de la première séance de tir, à l’arrière de l’atelier de l’artiste, que le 21 février 1961, le critique d’art Pierre Restany (1930-2003) est invité par Tinguely à découvrir la mise en scène. Impressionné par l’effet « métamorphique » de ce rite, le critique est fasciné par « le côté absolutiste du geste qui rejoint l’extrémisme irréparable et définitif du geste d’appropriation des Nouveaux Réalistes […]. »19

Immédiatement convaincu, Restany l’invite à rejoindre le groupe constitué sous son impulsion une année plus tôt. Niki de Saint Phalle rejoint ainsi le mouvement et participe à l’ensemble des activités collectives dès juillet 1961. Elle est la seule femme parmi le groupe officiellement fondé le 27 octobre 1960 par Arman (1928-2005), François Dufrêne (1930-1982), Raymond Hains (1926-2005), Yves Klein (1928-1962), Martial Raysse (1936), Jacques de la Villeglé (1926-2022), Daniel Spoerri (1930), Jean Tinguely et Pierre Restany20.

L’approche développée par Niki de Saint Phalle entre en résonance avec l’esprit des Nouveaux Réalistes qui se rassemblent autour d’une radicalité et d’un caractère téméraire communs21, sans pour autant être unifiés par le style. Les membres du groupe imposent, chacun à leur manière, de nouvelles perceptions de la réalité, témoignant d’un besoin irrépressible de tout réinventer. Ils imaginent ainsi de nouvelles perspectives pour la création sans références à la tradition artistique. Ouvrant la voie pour les générations futures, les artistes s’emparent de nouveaux matériaux pour leurs créations et investissent des gestes inédits qu’ils introduisent dans le champ de l’art.

Fig. 3 Arman, Untitled (colère de radio), 1962, Poste de radio brisé sur panneau de bois peint en noir, 73,4 x 96,3 x 29,6 cm. © Crédit photographique : Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Morin © 2024, ProLitteris, Zurich

Arman, membre fondateur du groupe et ami de Tinguely, avec qui il partage son atelier à l’impasse Ronsin à cette même époque, produit un travail en écho à celui de Niki de Saint Phalle. En 1961, également issue de performances en public, naît la série des Colères22(fig. 2). Résultant de la destruction d’un objet brisé à coups de marteau, scié ou piétiné, les restes sont ensuite minutieusement fixés à plat sur un panneau de bois23. Cette série évoque elle aussi, la transformation de l’objet en œuvre d’art par le biais de sa destruction. Les restes, ainsi bloqués dans le temps, rendent visible la trace du geste créateur. La composition créée est le résultat hasardeux, d’un accident prévu24.

Bien que de nombreux points communs se dessinent entre le travail des Nouveaux Réalistes et notamment celui d’Arman, et les propositions de Niki de Saint Phalle, l’artiste a su se distinguer du groupe par la singularité de son œuvre25, en s’imposant sur une scène artistique entièrement dominée par les hommes.

Le monstre « saint phallien »

Initiés en 1961, les premiers Tirs changent progressivement de signification avec la réintroduction d’objets dans la composition. Bien que la technique reste identique, le sujet diffère fondamentalement. Les tableaux-tirs évoluent naturellement vers des formes plus figuratives, permettant à l’artiste de retrouver la narration qui lui est chère.

Niki de Saint Phalle conçoit le Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong)26 au printemps 1963, un imposant relief à la silhouette de dinosaure, menaçant, la gueule grande ouverte (fig. 3). La créature est constituée d’une base de grillage métallique sur lequel six poches de peinture, ainsi que de nombreux objets hétéroclites sont fixés. Presque intégralement recouverts de plâtre, certains objets laissent transparaître leur couleur se distinguant ponctuellement dans cette monochromie27. La peinture noire éclaboussée sur le relief devient l’empreinte des tirs de l’artiste. Ces traces viennent ainsi ponctuer le corps du monstre et marquent l’achèvement final de l’œuvre, la mise à mort du monstre.

Fig. 4 Niki de Saint Phalle, Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong) (détail de l’œil du monstre et des poches de peinture percées), printemps 1963. © Crédit photographique : Fondation Gandur pour l'Art, Genève. Photographe : André Morin © 2024, ProLitteris, Zurich
Fig. 5 Niki de Saint Phalle, Tyrannosaurus Rex (Study for King Kong) (détail de la jambe du monstre), printemps 1963. © Crédit photographique : Fondation Gandur pour l'Art, Genève. Photographe : André Morin © 2024, ProLitteris, Zurich

Chacun des objets insérés est associé à la violence28 : pistolets, soldats, crocodiles, araignées, crânes ou dinosaures en plastique et autres éléments en papier mâché et en bois, constituent le corps de la bête (fig. 4). Un visage, certainement celui du diable, se fond dans la jambe du monstre, tandis que des poupées nues étouffent dans ce champ de bataille terrifiant (fig. 5). L’ensemble des éléments, symboles manifestes de coercition et de terreur29, personnifient le pouvoir masculin sur lequel de Saint Phalle tire à bout portant.

L’artiste dénonce par le choix de ces jouets, pour la plupart destinés aux jeunes garçons car attribués au registre de la guerre, la banalisation des conflits armés par la transformation des enfants en soldats dès leur plus jeune âge30.  Choisis et disposés avec soin, les objets servent une narration, que chacun est libre d’interpréter à travers la multitude d’associations à imaginer entre les différents éléments.

Le monstre31 effrayant, souvent incarné sous les traits du dinosaure, du dragon ou du reptile géant, est un motif récurrent du bestiaire de l’artiste au début des années 196032.

Margot Laeser
Assistante conservatrice collection beaux-arts
Fondation Gandur pour l’Art, juin 2024

Notes et références

  1. Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, Peintures, Tirs, Assemblages, Reliefs, 1949-2000, Lausanne, éditions Acatos, 2001, p. 80.
  2. Ibid., p. 81.
  3. Ibid., p. 153.
  4. Ibid., p. 81.
  5. MORINEAU, Camille, « "Rosebud" ou écran ? L’inceste et l’œuvre de Niki de Saint Phalle », Sociétés & Représentations, vol. 42, n° 2, 2016, [en ligne].  Disponible sur https://doi.org/10.3917/sr.042.0087, (consulté en mai 2024).
  6. Liés sentimentalement et professionnellement, leur complicité intellectuelle les pousse à une fructueuse collaboration qui durera plus de trente ans, jusqu’à la mort de Tinguely en 1991.
  7. Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, op. cit., p. 347.
  8. Ibid., p. 81.
  9. Ses réflexions mèneront, dès 1963, à la création de multiples représentations féminines, telles que la mère dévorante, la mariée, la femme accouchant, la sorcière ou encore la prostituée.
  10. Bien que l’artiste ne se soit jamais officiellement positionnée comme féministe, ses idées et ses revendications correspondent à celles défendues par le mouvement d’émancipation des femmes.
  11. BRAIBANT, Sylvie, « Niki de Saint Phalle, artiste et guerrière du féminisme » [en ligne]. Disponible sur https://information.tv5monde.com/terriennes/niki-de-saint-phalle-artiste-et-guerriere-du-feminisme-2969, (consulté en mai 2024).
  12. Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, op. cit., p. 46.
  13. Dans une lettre écrite à Tinguely au printemps 1990, l’artiste décrit ce choc esthétique : « J’étais complètement bouleversée. Mes peintures soudain me semblaient bien petites. J’allais avoir ma première grande crise artistique. Je la résoudrais comme je le ferais toujours à l’avenir : par la métamorphose. », in Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Manderen, Château de Malbrouk, 01.04 – 29.08.2010], Metz, Éditions Serpenoise, 2010.
  14. Niki de Saint-Phalle, Catalogue raisonné, 1949-2000, volume I. Peintures, Tirs, Assemblages, Reliefs, 1949-2000, Lausanne, Éditions Acatos, 2001, p. 89.
  15. Le jeu de prononciation entre le mot « tirs » et « tears » (larmes), dans la langue maternelle de l’artiste, annonce d’emblée le double sens de la série.
  16. Niki de Saint Phalle. En joue ! Assemblage & Tirs, 1958-1964, catalogue d'exposition [Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 08.11 – 21.12.2013 ; Hanovre, Fondation Ahlers Pro Arte, 01.02 – 21.04.2014], Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois ; Hanovre, Stiftung Ahlers Pro Arte, 2013, p. 10.
  17. Yoko S. Masuda, collectionneuse et directrice du Niki Museum à Nasu (Japon), parle de « colère productive » pour définir cette période d’exorcisme mouvementé et intense dans laquelle se trouve l’artiste depuis les années 1960. In Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, op. cit., p. 348.
  18. Ibid., p. 155.
  19. Idem.
  20. César (1921-1998), Mimmo Rotella (1918-2006) et Gérard Deschamps (1937) rejoindront le mouvement la même année que Niki de Saint Phalle, en 1961.
  21. FRANCBLIN, Catherine, Les Nouveaux Réalistes, Paris, Éditions du Regard, 1997, p. 7.
  22. Niki de Saint-Phalle, Catalogue raisonné, 1949-2000, op. cit., p. 72.
  23. FRANCBLIN, Catherine, op. cit., p. 95.
  24. À l’occasion d’un entretien réalisé pour son exposition, Arman, Accumulations Renault, au Kunsthaus de Zurich en 1970, Arman évoque l’importance du rôle du hasard dans l’ensemble de son travail :« J’ai une théorie très simple, j’ai toujours prétendu que les objets s’auto-composaient eux-mêmes. Ma composition consistait à les laisser se composer eux-mêmes… Le hasard, il n’y a rien de plus contrôlable que le hasard pour finir. Quand le hasard dépend des lois, de quantités par exemple, il n’est plus le hasard. Le hasard c’est ma matière première, c’est mon blanc. », in Arman, Accumulations Renault, catalogue d'exposition [Zurich, Kunsthaus, 12.09 – 18.10.1970], Zurich, Kunsthaus, 1970, p. 13.
  25. L’artiste se démarque aussi bien dans les propos abordés, à la fois intimes et engagés, mais également par une esthétique inédite, dont le style se distingue de ses homologues masculins.
  26. Cette œuvre est réalisée initialement comme étude pour la création d’une pièce majeure de six mètres de long, intitulée King Kong, tirée à l’occasion d’une séance à Los Angeles en mai 1963. In Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, op. cit., p. 520.
  27. Pressée de laisser s’exprimer ses idées et ses émotions, de Saint Phalle travaille rapidement, sans chercher la perfection dans les formes. Presque indifférente au résultat fini de son travail, son œuvre a souvent été rapprochée de celui de l’art brut, qui œuvrant pour eux-mêmes, ne portent aucune importance au regard extérieur. In Niki de Saint Phalle. En joue ! Assemblage & Tirs, 1958-1964, op. cit., p. 12.
  28. Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, op. cit., p. 50.
  29. Idem.
  30. MORINEAU, Camille (dir.), Niki de Saint Phalle, 1930-2002, catalogue d'exposition [Paris, Grand Palais, Galeries Nationales, 17.09.2014 – 02.02.2015 ; Bilbao, Guggenheim Bilbao Museoa, 27.02 – 07.06.2015], Bilbao, FMGB, Guggenheim Bilbao Museoa et La Fábrica, 2015, p. 99-100.
  31. Terme utilisé par l’artiste pour désigner sa créature, que l’on retrouve au dos de l’œuvre.
  32. Si le monstre effrayant hante ses rêves depuis l’enfance, il disparaîtra peu à peu de son iconographie les années suivantes pour se changer en monstre coloré et amusant. In BRAIBANT, Sylvie, op. cit.

Bibliographie

Bibliographie de l'œuvre

Action, geste, peinture, femmes dans l'abstraction, une histoire mondiale 1940-70, catalogue d'exposition [Arles, Fondation Van Gogh, 03.06 – 22.10.23], Arles, Fondation Van Gogh, 2023, listé p. 366, repr. coul. p. 286

AZIMI, Roxana, « Niki de Saint Phalle dégaine à la Galerie G.-P et N. Vallois », Le Quotidien de l'Art, n° 480, 6 novembre 2013, repr. coul. p. 4

HULTÉN, Pontus (dir.), Niki de Saint-Phalle, catalogue d'exposition [Bonn, Bundeskunsthalle, 19.06 – 01.11.1992], Stuttgart, Verlag Gerd Hatje, 1992, repr. n/b p. 205

HULTÉN, Pontus, Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Bonn, Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, 19.06 – 01.11.1992 ; Glasgow, McLellan Galleries, 22.01 – 04.04.1993 ; Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 06 – 09.1993], Stuttgart, G. Hatje ; Paris, Paris-Musées, 1992, listé p. 284, repr. coul. p. 205 (sous le titre « Tir dragon (Tyrannosaurus Rex) Étude pour King Kong » et daté 1962)

MOECKLI, Justine ; TILBURG, Merel van (dir.), Le retour des ténèbres. L'imaginaire gothique depuis Frankenstein, catalogue d'exposition [Genève, Musée Rath, 02.12.2016 – 19.03.2017], Genève, Musée d'art et d'histoire, 2016, cité sur liste annexe, repr. coul. p. 334

MORINEAU, Camille (dir.), Niki de Saint Phalle, 1930-2002, catalogue d'exposition [Paris, Grand Palais, Galeries Nationales, 17.09.2014 – 02.02.2015 ; Bilbao, Musée Guggenheim, 27.02 – 07.06.2015], Bilbao, FMGB Guggenheim Bilbao Museoa et La Fábrica, 2015, listé p. 367, repr. coul. p. 135, cat. 43

Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Ishøj, Arken Museum of Modern Art, 13.02 – 12.06.2016], Ishøj, ARKEN Museum of Modern Art, 2016, cité p. 68 et listé p. 92, repr. coul. p. [69], n° 20

Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Oslo, Henie Onstad Kunstsenter, 16.09.2022 – 12.02.2023], Oslo, Henie Onstad Kunstsenter & Kontur Forlag, 2022, listé p. 232, repr. coul. n.p.

Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d'Art moderne, 02.07 – 01.09.1980], [Paris], Centre Georges Pompidou, [1980], listé p. 92 (sous le titre « Tyranous Saurus Rex » et daté 1962-63), repr. n/b p. 24

Niki de Saint Phalle. En joue ! Assemblage & Tirs, 1958-1964, catalogue d'exposition [Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 08.11 – 21.12.2013 ; Hanovre, Fondation Ahlers Pro Arte, 01.02 – 21.04.2014], Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois ; Hanovre, Stiftung Ahlers Pro Arte, 2013, cité p. 12, 134 et [183], repr. coul. p. [135] et [136-137] (détail)

Niki de Saint Phalle. Tirs... et autres révoltes 1961-1964, catalogue d'exposition [Galerie de France, Paris, 20.06 – 28.07.1990], Paris, Galerie de France, 1990, repr. n/b n. p. (sous "Tir Dragon (étude pour King-Kong aussi Tyrannosaurus Rex)")

Niki de Saint-Phalle, catalogue d'exposition [Stockholm, Moderna Museet, 12.09 – 25.10.1981], Stockholm, Moderna Museet, 1981, listé p. 92 (sous le titre « Tyranous Saurus Rex» et daté 1962-63), repr. n/b p. 24

Niki de Saint-Phalle, Catalogue raisonné, 1949-2000, volume I. Peintures, Tirs, Assemblages, Reliefs, 1949-2000, Lausanne, Éditions Acatos, 2001, listé p. 391, repr. coul. p. 172, n° 366

Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, Lausanne, éditions Acatos, 2001, repr. n/b p. 286

PERLEIN, Glibert (dir.), Niki de Saint-Phalle, catalogue d'exposition [Nice, MAMAC - Musée d'art moderne et contemporain, 17.03 – 27.10.2002], Nice, Georges Naef, 2002, repr. coul. p. 151 et repr. n/b p. 522 (photographie documentaire)

Virginia Dwan et les nouveaux réalistes. Los Angeles, les années 60. Arman, Klein, Raysse, Niki de Saint-Phalle, Tinguely, catalogue d'exposition [Paris, Galerie Montaigne, 23.10 - 29.12.1990], Paris, Galerie Montaigne, 1990, cité p. [40], repr. coul. p. [29] (sous le titre « Tir Dragon »)

WHOLDEN, Rosalind G., « Puerealism, “The End” with Innocence », Artforum, septembre 1963, cité p. 31

 

Bibliographie

Arman, Accumulations Renault, catalogue d'exposition [Zurich, Kunsthaus, 12.09 – 18.10.1970], Zurich, Kunsthaus, 1970

Arman, catalogue d'exposition [Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, 27.01 – 12.04.1998 ; Ludwigshafen, Wilhelm-Hack-Museum, 02.05 – 19.07.1998 ; Lisbonne, Culturgest, 15.09 – 06.12.1998 ; Tel Aviv, Museum of Art, 15.04 – 13.06.1999], Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1998

DURAND-RUEL, Denyse, Arman, Catalogue raisonné, vol. I-III, Turin, Éditions de la Différence, 1991

FRANCBLIN, Catherine, Les Nouveaux Réalistes, Paris, Éditions du Regard, 1997

MORINEAU, Camille (dir.), Niki de Saint Phalle, 1930-2002, catalogue d'exposition [Paris, Grand Palais, Galeries Nationales, 17.09.2014 – 02.02.2015 ; Bilbao, Guggenheim Bilbao Museoa, 27.02 – 07.06.2015], Bilbao, FMGB, Guggenheim Bilbao Museoa et La Fábrica, 2015, p. 99-100.

Niki de Saint-Phalle, Catalogue raisonné, 1949-2000, volume I. Peintures, Tirs, Assemblages, Reliefs, 1949-2000, Lausanne, Éditions Acatos, 2001

Niki de Saint-Phalle, Monographie - Monograph, Peintures, Tirs, Assemblages, Reliefs, 1949-2000, Lausanne, éditions Acatos, 2001

Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d'Art moderne, 02.07 – 01.09.1980], [Paris], Centre Georges Pompidou, [1980]
Niki de Saint Phalle, catalogue d'exposition [Manderen, Château de Malbrouk, 01.04 – 29.08.2010], Metz, Éditions Serpenoise, 2010

Niki de Saint Phalle, En joue! Assemblages et Tirs, 1958-1964, catalogue d'exposition [Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 08.11 – 21.12.2013 ; Hanovre, Stiftung Ahlers Pro Arte / Kestner Pro Arte, 01.02 – 21.04.2014], Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois; Hanovre, Stiftung Ahlers Pro Arte/Kestner Pro Arte, 2013

 

Sites internet et articles en ligne

BRAIBANT, Sylvie, « Niki de Saint Phalle, artiste et guerrière du féminisme » [en ligne]. Disponible sur https://information.tv5monde.com/terriennes/niki-de-saint-phalle-artiste-et-guerriere-du-feminisme-2969 , (consulté en mai 2024)

Moderna Museet, [en ligne]. Disponible sur https://sis.modernamuseet.se/objects/1399/kingkong?ctx=109dede93de9c18fdaa5fb7079c4446baef2da0d&idx=0 , (consulté en mai 2024)

MORINEAU, Camille, « "Rosebud" ou écran ? L’inceste et l’œuvre de Niki de Saint Phalle », Sociétés & Représentations, vol. 42, n° 2, 2016, [en ligne].  Disponible sur https://doi.org/10.3917/sr.042.0087, (consulté en mai 2024)

Site internet de l’artiste Niki de Saint Phalle, [en ligne]. Disponible sur https://nikidesaintphalle.org/, (consulté en mai 2024)

À voir également