L'Œuvre du mois


janvier 2024 Archéologie

« Mille pains, mille bières … » pour la dame Hénout

Cette œuvre complexe dévoile la vie intrigante d’Hénout, une prêtresse égyptienne d’Hathor qui vécut durant le IIIe millénaire avant J.-C. Entre qualité artistique et fautes d’orthographe hiéroglyphiques, elle nous offre une fenêtre captivante sur la société égyptienne ancienne, ainsi qu’un riche terrain d’enquête pour découvrir son contexte archéologique perdu.

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Stèle fausse-porte de la prêtresse Hénout
Égypte (Saqqara ?)
2e moitié IIIe millénaire avant J.-C.
Calcaire, polychromie
109.9 x 64.8 x 8.5 cm
 FGA-ARCH-EG-0254

Provenance
Sotheby’s, Londres, 10-11 décembre 1984, lot nº 178 ;
Charles Pankow, San Francisco, CA ;
Sotheby's, New York, 8 décembre 2004, lot nº 30.

Fig. 1 – Stèle fausse-porte de la Dame Hénout. FGA-ARCH-EG-0254.

Une œuvre complexe

Ce beau relief égyptien représente ce que l’on appelle dans le jargon égyptologique une stèle fausse-porte (fig. 1). Taillée dans un bloc de calcaire mesurant plus d’un mètre de haut, cette œuvre fascinante, datant du IIIe millénaire avant J.-C., a conservé son éclat malgré quelques marques du temps sur sa partie inférieure gauche. Les inscriptions, elles, sont intactes.

Exemple type de son époque (fig. 2)1, la stèle revêt une forme complexe composée d’abord d’un cadre extérieur formé d’un linteau et de deux jambages inscrits. À l’intérieur, une corniche cavetto surmonte un torus décoré de zébrures, à l’intérieur duquel se trouve un cadre médian formé d’un linteau et de deux jambages inscrits. Le panneau central en forme de « T » montre la défunte assise devant une table d’offrandes, tandis que le linteau et les deux jambages intérieurs au-dessous entourent la représentation détaillée d’une porte : les châssis, ainsi que deux verrous sont en effet reproduits. Enfin, des représentations de la défunte debout respirant une fleur de lotus ornent les jambages extérieurs et médians2.

Fig. 2 - Schéma de la stèle fausse-porte d’Hénout.
Fig. 3 – Stèle fausse-porte de la tombe de Méhou (6e dynastie), située à Saqqara.

Les hiéroglyphes, inscrits en relief dans le creux, sont soigneusement détaillés par de fines incisions internes. Ceux du cadre extérieur comportent encore des traces de peinture bleue, tandis que ceux des cadres médian et intérieur étaient vibrants de vert. La couleur ocre, quant à elle, laisse des empreintes colorées sur diverses parties de la stèle, comme des souvenirs du passé : l’objet devait à l’origine offrir des contrastes de couleur saisissants, à l’image de l’exemple de la stèle fausse-porte située dans la tombe de Méhou (fig. 3). Cette peinture rouge était fréquemment employée par les dignitaires pour imiter le granit rouge d’Assouan, une pierre de grande valeur réservée pour les membres de la famille royale à cette époque3.

Le rendu général de la stèle de Hénout est soigné, même si elle présente de petites maladresses : les linteaux ne sont ainsi pas tout à fait parallèles et les lignes séparatrices sont quelque peu chancelantes. Ces maladresses font échos aux quelques fautes d’orthographe disséminés çà et là dans le texte hiéroglyphique.

Fausse-porte mais vrai passage vers l'éternité

Si les stèles fausse-portes figurent bien tous les éléments architecturaux d’une « vraie » porte égyptienne (linteaux, battants, verrous, gonds, etc.) ; elles n’en sont toutefois que des simulacres. Mais à quoi servaient-elles ? C’est le contexte archéologique de ce type d’objet qui nous éclaire sur le rôle fondamental, tant religieux que social, de ces œuvres. En effet, ces objets faisaient partie intégrante de l’architecture des chapelles des tombes privées datées de l’Ancien Empire. Or, la chapelle est l’élément le plus important de ces monuments : c’est le cœur du culte funéraire.

Les images représentées sur les murs des chapelles, qui entouraient les fausse-portes, représentent toutes les offrandes alimentaires apportées au défunt (viande, volaille, pains, etc.). De plus, une table d’offrande, élément sur lequel l’on déposait de vraies offrandes alimentaires et versait des libations, était généralement disposée au pied de la stèle fausse-porte. Cet objet revêtait donc une fonction primordiale dans le déroulé du culte funéraire, un véritable point de contact entre les vivants et les morts qui étaient, dans les croyances de cette époque, censés vivre éternellement dans l’au-delà, grâce aux offrandes faites en leurs noms4.

Cet objet revêtait donc une fonction primordiale dans le déroulé du culte funéraire, un véritable point de contact entre les vivants et les morts qui étaient, dans les croyances de cette époque, censés vivre éternellement dans l’au-delà, grâce aux offrandes faites en leurs noms.

Une ostentation de son vivant et ad aeternam

Outre leurs fonctions religieuses et funéraires, les stèles fausse-portes offrent également un espace d’autoprésentation à leurs propriétaires. En effet, les chapelles des tombes étaient des lieux fréquemment visités et il était important pour les élites égyptiennes de mettre en avant leurs succès au sein de leur classe sociale auprès de leurs contemporains, à travers l’évocation de leurs titres, et d’inscrire leurs noms pour la postérité5.

Ces objets présentent donc une structure très élaborée, visant à mettre en emphase la personnalité de leurs propriétaires. Les textes inscrits, ainsi que les images représentées, sont de ce fait situés à des emplacements clés. La stèle d’Hénout en est un bon exemple : chaque ligne et chaque colonne se termine par la mention de son nom. De plus, ce nom est illustré sur quatre colonnes par la figure de la dame Hénout, debout et respirant le parfum d’une fleur de lotus qu’elle tient à la main, permettant ainsi de l’identifier au premier regard, même pour une personne ne lisant que maladroitement les hiéroglyphes (fig. 4).

Fig. 4. Nom de la dame Hénout inscrit sur la jambage extérieur droit de la stèle.

Des fautes d’orthographe en hiéroglyphe !

Le texte inscrit est tout à fait classique pour une stèle fausse-porte. Il s’agit des formules d’offrandes traditionnelles, mentionnant :

  • le nom de la propriétaire de la stèle : Hénout
  • son titre : prêtresse d’Hathor
  • les dieux vénérés : Ptah-Sokar et Anubis
  • et les offrandes données : mille pains, mille bières, cinq-mille volailles, mille vaisselles d’albâtre, mille étoffes de lin.

Malgré le soin donné à la structure de la stèle et aux détails graphiques des hiéroglyphes, les lecteurs capables de lire le texte original peuvent s’amuser des quelques fautes d’orthographe laissées par le scribe. Mais en quoi consiste une faute en hiéroglyphe et s’agit-il vraiment d’erreurs ? Dans le cas de notre stèle, plusieurs signes hiéroglyphiques sont écrits à l’envers. C’est le cas du signe k, dans le nom du dieu Ptah-Sokar, qui est inscrit dans le sens inverse au texte (la boucle de la corbeille devrait être à droite, et non à gauche ; fig. 5)6. Ce type d’erreur est fréquent, car les hiéroglyphes pouvaient s’écrire aussi bien de droite à gauche, que de gauche à droite, mais toujours orienté de la même façon au sein d’une même colonne. Il arrivait donc que les artistes en charge d’inscrire les textes se mélangent les pinceaux ! Le nom du dieu Ptah est également inscrit dans le sens inverse au texte sur la colonne extérieure gauche. Toutefois, cette inversion se retrouve assez fréquemment sur les monuments de cette époque, au point de se demander s’il n’y avait pas une intentionnalité derrière cette graphie fautive7.

Fig. 5 – Signe hiéroglyphique k, écrit dans le sens de lecture allant de droite à gauche.

Par ailleurs, plusieurs hiéroglyphiques sont manquants. Le plus flagrant est l’oubli du signe n dans le nom du dieu Anubis, sur la colonne extérieure droite ; le nom du dieu est toutefois facilement déduit, puisqu’il est mentionné, de manière symétrique, sur la colonne extérieure de gauche (fig. 6).

Fig. 6 – À gauche : graphie fautive du nom du dieu Anubis. À droite : graphie correcte du nom du dieu Anubis.
Fig. 7 – Confusion entre deux hiéroglyphes. À gauche : signe âa. À droite : signe hem.

Un autre type de faute d’orthographe est la confusion entre deux signes hiéroglyphiques. Ce cas se retrouve en bas de la colonne extérieure droite, où le scribe a écrit le signe âa au lieu du signe hem pour écrire le titre de prêtresse porté par Hénout (fig. 7).

Ces modestes fautes nous indiquent d’une part que le scribe a travaillé un peu vite, et qu’il utilisait probablement un modèle de texte inscrit sur un autre support, peut-être écrit en lignes et non en colonnes. Cela nous fait nous questionner également sur le mode de fabrication de ce type d’objets, ainsi que sur les connaissances des artistes en charge de les produire : ils n’étaient peut-être pas tous totalement lettrés ! Quoi qu’il en soit, ces petites imperfections ajoutent une touche humaine à cette représentation artistique, qui est un témoignage représentatif de l’artisanat de l’époque.

À la recherche de la tombe perdue

Comme pour bien des objets acquis sur le marché de l’art, le contexte archéologique de la stèle fausse-porte de Hénout est aujourd’hui perdu. Nous savons toutefois qu’elle devait faire partie, autrefois, de la chapelle d’une tombe égyptienne. Mais laquelle ? Car des tombes privées datant de l’Ancien Empire, il y a plus de 400 répertoriées rien que dans la région memphite8 ! Pour partir à la recherche de la tombe perdue d’Hénout, il n’est fort heureusement pas nécessaire de prendre son chapeau et son fouet, un simple détour en bibliothèque peut nous apporter déjà bon nombre de renseignements.

À la manière des enquêtes détectives, la recherche documentaire égyptologique se fonde sur les indices concrets laissés à disposition : style, matériel, nom du propriétaire, titres, dieux et toponymes cités, etc.

Une question de style

Pour commencer, le style général d’un objet est toujours est bon indicateur concernant sa provenance ou sa datation. Une méthode fiable est de comparer un objet à d’autres œuvres similaires découvertes in situ. Dans notre cas, il se trouve que deux stèles fausse-porte, appartenant également à des prêtresses d’Hathor, ont été découvertes à Saqqara (carte 1) dans une nécropole privée de l’Ancien Empire. Elles datent probablement de la fin de la VIe dynastie, ou un peu après9. Elles présentent de nombreuses similitudes avec la stèle d’Hénout : même corniche cavetto, même torus décoré de zébrures et même panneau en forme de T sur lequel est représentée la défunte assise devant une table d’offrandes (fig. 8). Les propriétaires de ces stèles sont également représentées respirant une fleur de lotus sur les parties inférieures des jambages des stèles. Au vu de ces nombreuses similitudes, il est donc fort probable que la stèle d’Hénout soit contemporaine de ces deux stèles et provienne d’une aire géographique proche, c’est-à-dire une nécropole dans la région de Memphis, alors capitale de l’Égypte.

Fig. 8 – stèles de Djesti (gauche) et de Kheti (droite)
Des préférences locales

D’autres indices pointent vers la capitale comme lieu de provenance. À commencer par la matérialité de la stèle d’Hénout, qui nous indique qu’elle provient probablement d’une nécropole de la région memphite, et non d’une province. En effet, elle est réalisée dans un bloc de beau calcaire et les inscriptions sont gravées en relief dans le creux, tandis que la majorité des stèles provinciales sont peintes ou gravées à même la roche de la tombe (souvent rupestre).

Les mentions du dieu Ptah-Sokar, une divinité étroitement liée à la région memphite10, viennent également appuyer cette hypothèse, de même que le titre de prêtresse d’Hathor11, porté par la dame Hénout et qui est plus souvent attesté dans la région memphite qu’en province12.

Un nom rare

Enfin, nous savons que cette stèle fausse-porte appartient à une dame appelée Hénout. Si ce nom, qui signifie « la maîtresse », est très fréquent durant le Moyen Empire, il n’en existe que deux autres attestations plus anciennes, datant de l’Ancien Empire13, époque à laquelle se rattache indéniablement le style de la stèle. La première se trouve dans la nécropole provinciale de Deir el-Gebraoui sud (carte 1)14 : elle appartient à Ibi, dont l’une des filles qui y est mentionnée s’appelait Hénout15. Il est toutefois peu probable que notre stèle fausse-porte provienne d’une nécropole provinciale, comme nous l’avons vu.

Carte 1 : Égypte et Nubie

La deuxième attestation a été retrouvée à Saqqara, dans le cimetière de particuliers situé au nord de la pyramide de Pépi II. Une petite tombe, éventrée par les pilleurs, a livré une plaquette à parfum en calcite-albâtre appartenant à une dame Hénout (fig. 9), ainsi qu’un couvercle de vase portant le nom du roi Pépi Ier, (3ème roi de la 6ème dynastie, env. 2289–2255 avant J.-C.) une coupelle en calcite-albâtre et des vases miniatures16. Sur la plaquette, Hénout porte le titre de « ornement royal », titre qui n’est pas mentionné sur la fausse-porte. Cela n’exclut cependant pas la possibilité que ces deux objets appartiennent à la même personne. En effet, le style de la fausse-porte se rapproche beaucoup des monuments contemporains de la tablette et retrouvés à proximité17.

Fig. 9 : plaquette d’albâtre de la dame Hénout retrouvée à Saqqara (JÉQUIER, G., Fouilles à Saqqarah, fig. 102).

Qui était Hénout ?

Si l’on ne peut prouver de façon formelle l’origine de cette stèle, l’enquête menée sur sa provenance nous transporte dans la vie d’Hénout, une prêtresse d’Hathor de la classe moyenne de l’élite18, probablement contemporaine du règne de Pépi II (dernier roi de la 6ème dynastie, env. 2246–2152 avant J.-C.) et qui vécut à Memphis, alors capitale de l’Égypte. Hénout possédait vraisemblablement une petite tombe en four, typique des personnages de ce rang à cette époque19.

Moins visibles dans les sources archéologiques et textuelles que leurs contemporains masculins, les femmes et leur rôle dans la société égyptienne sont encore peu connus. La majorité des grands mastabas appartenait à des hommes, tandis que les femmes étaient souvent enterrées dans les monuments de leurs époux. Elles jouaient certes un rôle essentiel au sein de la famille, où elles étaient responsables de l’éducation des enfants et de la gestion des affaires domestiques, mais certaines femmes issues de la noblesse, comme Hénout, pouvaient également exercer des fonctions religieuses et administratives. C’est grâce aux stèles fausse-portes et à d’autres œuvres plus modestes que nous pouvons en apprendre un peu plus sur la vie des femmes de cette époque.

 

Dr Aurélie Quirion
Assistante conservatrice collection archéologie
Fondation Gandur pour l’Art, janvier 2024

Notes et références

  1. Sur la forme et le développement des stèles fausse-portes, voir : Bolschakov, A.O., Man and his double, p. 50–53.
  2. Il s’agit là d’un motif commun de l’Ancien Empire : Pieke, G. « Der Grabherr und die Lotosblume », p. 259–280.
  3. Bárta, M., Dulíková, V., « The afterlife existence captured in stone », p. 57.
  4. Roeten, L., Doors, entrances and beyond, p. 6–9.
  5. H. Altenmüller (« Aspekte des Grabgedankens », p. 19–36) résume le rôle de la tombe en quatre aspects généraux : un lieu de préservation du corps, un lieu de culte des offrandes, un lieu de résurrection et un enfin un lieu d’autoprésentation.
  6. Colonne extérieur droite.
  7. Gourdon, Y., « Ptah face à ses adorateurs dans les noms de particuliers à l’Ancien Empire », p. 241–244.
  8. WALSEM, R. van, MastaBase.
  9. Mysliwiec, K., Kuraszkiewicz, K., « Two more Old Kingdom priestesses of Hathor in Saqqara », p. 153.
  10. IV, 1179.
  11. Sur ce titre, voir : Galvin, M., The priestesses of Hathor ; Leprohon, R. J., « The sixth Dynasty false door of the priestess of Hathor Irti », p. 45–46 ; Gillam, R. A., « Priestesses of Hathor: », p. 211–237.
  12. R.A. Gillam recense 81 prêtresses à Giza et 65 à Saqqara durant l’Ancien Empire : Gillam, R. A., « Priestesses of Hathor », p. 219–220.
  13. Ranke, H., Die ägyptischen Personennamen, vol. 1, p. 242, no. 18. Il existe d’autres noms plus longs basés sur celui d’Hénout, mais la forme brève est rarement attestée.
  14. Située dans la 12e province de Haute Égypte.
  15. Kanawati, N., Deir el-Gebrawi, vol. II, pl. 68.
  16. Jéquier, G., Fouilles à Saqqarah, p. 91, figs. 102–103.
  17. Par exemples, la stèle fausse porte d’Isti représente la défunte portant une robe et une coiffure similaire et tenant une fleur à la main (Jéquier, G., Fouilles à Saqqarah, fig. 98) ; la stèle d’Herhetep présente une structure et un style similaire (Jéquier, G., Fouilles à Saqqarah, fig. 107).
  18. À cette époque, la plupart de ces prêtresses appartiennent à la classe moyenne de l’élite de la société : Gillam, R. A., « Priestesses of Hathor », p. 227.
  19. Jéquier, G., Fouilles à Saqqarah, p. 1, 8 (n. 2), 16.

Bibliographie

« La porte du rêve : les antiquités égyptiennes dans l’intimité des collectionneurs », Artpassions. Revue suisse d’art et culture 10, 2007, p. 36.

BIANCHI, Robert S., Ancient Egypt. Art and Magic. Treasures from the Fondation Gandur pour l'Art, Geneva, Switzerland, catalogue d'exposition [Saint-Pétersbourg (FL), Museum of Fine Arts, 17.12.2011 - 29.04.2012], Saint-Pétersbourg, Museum of Fine Arts, 2011, p. 48–51.

BIANCHI, Robert S., Ancient Egyptian Art & Magic, catalogue d'exposition [Japon, 17.04.2015 - 05.01.2016], Japon, Toshiaki Shimizu, 2015, p. 140–141.

DROUX, X., « "Une offrande que fait le roi" : les stèles funéraires de la Fondation Gandur pour l’Art », Fondation Gandur pour l’Art. Rapport annuel 2020, Genève, Fondation Gandur pour l’Art, 2021, p. 28, 30, 104.

DROUX, X., « Ramsès II en majesté américaine », Fondation Gandur pour l’Art. Rapport annuel 2021, Genève, Fondation Gandur pour l’Art, 2022, p. 14, 18, 64.

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